C'est en 1926 qu'André Brunet fut nommé ingénieur en chef des Ateliers de construction du Nord et des Mureaux. Deux ans plus tard, la société produisait son premier avion, le chasseur « Express Marin ».
Les premières créations de Brunet pour le compte de la société furent les chasseurs 3C.2 et 4C.2, puis l'avion d'observation Mureaux 130 A.2. Il s'agissait de monoplans parasol biplaces de construction métallique, caractérisés notamment par leur train d'atterrissage robuste, à large voie. Ces appareils ouvrirent la voie aux Mureaux 110 A.2 et 110 GR (construits à 6 exemplaires au total), qui firent tous deux leurs débuts en 1931.
Le ministère de l'Air ayant reconnu les qualités de ces avions, une version de série fut commandée sous la désignation de Mureaux 113 R.2. D'après le système de désignation en usage en France, la lettre R indiquait qu'il s'agissait d'un appareil de reconnaissance, et le chiffre 2 que l'avion était biplace. Le pilote et l'observateur étaient installés l'un derrière l'autre dans des habitacles ouverts, celui de l'observateur étant muni de vitrages sur les deux côtés. Le moteur HispanoSuiza 12 Ybrs était équipé d'un gros radiateur. Il y eut 49 exemplaires de série construits.
Deux chasseurs de nuit Mureaux 114 CN.2 furent également réalisés, et un certain nombre de Mureaux 113 furent adaptés à cette mission par montage de projecteurs sous les ailes. Le Mureaux 117 R.2 reçut un moteur plus puissant, un
Ycrs de 850 ch, ainsi qu'une voilure renforcée et une hélice Chauvière en bois remplaçant la Ratier métallique du Mureaux 113. Après la mise au point du prototype, en janvier 1935, 115 exemplaires de série furent assemblés, dont 16 étaient des R.2/B.2 équipés aussi bien pour le bombardement léger que pour la reconnaissance, et capables d'emporter jusqu'à 800 kg de bombes sous les ailes. La dernière version produite en série fut le Mureaux 115 R.2, dont le prototype effectua son premier vol le 6 mars 1935 ; 119 exemplaires furent construits, parmi lesquels quelques R.2/B.2. Le Mureaux 115 était reconnaissable à la forme du radiateur frontal de son moteur 12Ycrs.
Les monoplans Mureaux jouèrent un rôle important dans l'armée de l'Air à la fin des années trente. Au début de 1937, 195 étaient en service, et les derniers Mureaux 115 furent pris en compte en septembre 1939, au moment de la déclaration de guerre.
Opérant au-dessus des lignes ennemies pendant les premières semaines du conflit, les Mureaux subirent des pertes assez importantes. Le premier avion français abattu par les Allemands fut un Mureaux 115 du GAO (groupe aérien d'observation) 553, accomplissant une mission de reconnaissance photographique au-dessus de Karlsruhe, le 8 septembre 1939. Il fut victime de la Flak et non de chasseurs, auxquels il n'aurait d'ailleurs eu guère de chances d'échapper en raison de ses performances déjà insuffisantes.
Dès la fin du mois de septembre, les Mureaux ne menèrent plus que des missions ne comportant aucune pénétration profonde en territoire allemand.
Le remplacement de ces avions, dont certains venaient pourtant tout juste d'entrer en service, s'imposait. Malgré celà, lors de l'attaque allemande du 10 mai 1940, quelque 119 Mureaux étaient encore en service, la plupart affectés à des tâches de liaison et d'entraînement. Après l'armistice intervenu le 25 juin 1940, 53 appareils qui stationnaient en zone sud furent ferraillés.
Il faut encore mentionner l'existence du Mureaux 113 GR n° 8, qui, équipé d'un moteur Hispano-Suiza .12 Ybrs à compresseur, remporta la coupe Bibesco disputée en juillet 1934 par des avions militaires français et roumains, et le Mureaux 200 A.3, qui effectua ses essais en janvier 1936, et dont l'équipage disposait d'un habitacle fermé.